Coronavirus : pire situation pour l’économie française depuis 1945
Publié : 15 avril 2020 à 8h05 par La rédaction
La crise du coronavirus contraint le gouvernement, pour la deuxième fois, à établir à toute vitesse un Budget modifié pour 2020. Celui-ci sera présenté, ce mercredi, en Conseil des ministres. L'addition est plus que salée : prévision de croissance fixée à -8 %, déficit à environ 9 % du PIB et dette à 115 %! Les chiffres du projet de loi de finances rectificatif (PLFR) donnent le vertige! La sacro-sainte règle des 3 % a volé en éclat, et le spectre d'une dette à 100 % du PIB – agité comme une catastrophe il y a encore quelques semaines – semble un souci… d'un autre siècle. A Bercy, les cols blanc de la puissante Direction du Budget se pincent presque pour y croire. Jamais, depuis 1945, la France n'avait présenté un tableau de bord de son économie aussi dramatique.
"Ce sont de chiffres exceptionnels, qui traduisent une situation exceptionnelle, observe philosophe Olivia Grégoire, députée (LREM) et vice-présidente de la Commission des Finances. Début 2020, nous étions sur une trajectoire de dépense publique contrôlée et maîtrisable ; là, nous arrivons dans des zones méconnues. C'est préoccupant, car il faudra des années pour retrouver nos niveaux antérieurs…"
Calculette en main, cela se chiffre : "Un mois de confinement, c'est au moins 3 points de PIB en moins, soit environ 70 milliards d'euros", indique un haut fonctionnaire de Bercy. "Tout ce qui était projeté comme trajectoire de finances publiques avant cette crise est forcément caduc, c'est clair", soupire le rapporteur du Budget.
Timide lueur d'espoir dans ce tableau très sombre de l'économie tricolore : la France emprunte à des taux faibles, signe que les fondamentaux de son économie sont toujours jugés solides. "Nous n'avons pas de difficultés à émettre de la dette à bonne condition", indique Laurent Saint-Martin. Qui s'empresse d'ajouter : "Mais la question se trouve sur le moyen-long-terme : cet endettement à 115 % du PIB, sera-t-on capable de le faire redescendre ? Il est encore trop tôt pour le dire…"