Bientôt une pilule contre les chagrins d'amour : sérieux ou pas ?
Publié : 5 mars 2020 à 9h40 par La rédaction
Les paquets de mouchoirs, les pots de glace ou les comédies romantiques ne seront-ils bientôt plus nécessaires en cas de gros chagrin d'amour ? Un chercheur de Montréal, le Pr Alain Brunet, explique avoir trouvé un traitement contre les ruptures amoureuses douloureuses.
Sa technique se base sur les effets du propranodol, un médicament utilisé, à l'origine, contre l'hypertension en bloquant certaines réactions du cerveau. Une étude clinique a été menée avec 30 patients dont des femmes séparées depuis une dizaine d'années et toujours blessées. Le patient éconduit doit mettre par écrit le récit du moment clé de la découverte de la trahison ou de la rupture et lire à voix haute ce récit après avoir pris une dose de propranolol, à raison d’un milligramme par kilo. Selon le chercheur, le médicament bloque alors les hormones de stress et atténue toute l'émotion qui entoure le souvenir. Avec le temps, le souvenir ne s'efface pas du cerveau mais les émotions qui y sont associées sont moins vives. "Petit à petit, de semaine en semaine, le souvenir devient moins émotionnel", explique le Pr Alain Brunet au quotidien québécois La Presse. Après un traitement de quatre à six semaines, les symptômes s'améliorent d'à peu près 60 % selon le professeur. Il a ouvert une clinique à Montréal en décembre.
Cette méthode n'est pas destinée aux "vulgaires peines d'amour" mais aux ruptures amoureuses qui sont si douloureuses qu'elles en deviennent incapacitantes, selon le professeur qui a ouvert sa clinique en décembre à Montréal. Quand on lui avance que sa méthode pourrait soulever des problèmes d'éthique, le Pr Alain Brunet répond à La Presse : "Le vrai problème éthique, c'est la surconsommation et la surprescription des antidépresseurs".
Ce chercheur, docteur en psychologie spécialisé en santé mentale à l'institut Douglas de Montréal, s'était fait remarquer avec une méthode pour traiter le trouble de stress post-traumatique auprès des victimes de l'attentat du Bataclan à Paris le 13 novembre 2015. La thérapie de la reconsolidation qu'il a mise au point permet, selon lui, de soulager les patients de leur trauma, en six semaines. Il est à l'origine de plus de 250 publications scientifiques sur le trauma psychique dans le monde.