96 flamants roses morts empoisonnés au plomb

24 février 2021 à 11h47 par FARGIER Emilie

Le lac salé de Larnaca, dans le sud de Chypre, est un espace naturel protégé. L'hiver, il abrite jusqu'à 15 000 flamants rose. Mais depuis le début de l'année, 96 oiseaux ont été retrouvés morts dans ce réseau de zones humides. De quoi sonner l'alerte pour les défenseurs de l'environnement. De premières analyses penchent pour la thèse d'un empoisonnement au plomb. Le directeur de l'ONG BirdLife à Chypre pointe du doigt les chasseurs.


"Il y a des niveaux de plomb élevés dans certaines parties du lac, et la source semble être des plombs de fusils de chasse. La chasse n'est pas autorisée sur le lac, mais elle l'est dans une zone à proximité", explique Martin Hellicar de l'ONG BirdLife Cyprus. De minuscules granules de plomb se trouvent au fond du lac et seraient ingérer par les flamants roses. Ces derniers avalent en effet de petits cailloux pour faciliter la digestion mais ne peuvent pas faire la distinction avec les granulés de plomb.


"Ces plombs ont été retrouvés lors de l'autopsie de flamants morts dans le laboratoire", indique ce responsable des services vétérinaires locaux, Panayiotis Constantinou. Les écologistes chypriotes exhortent donc les autorités à étendre l’interdiction de la chasse à tout le réseau côtier de lacs salés. Une proposition dénoncée par les chasseurs.


"Selon les règles de l'Union européenne pour les zones humides, la chasse n'est permise que dans une étroite bande de terre de 200 mètres. Seuls 5 ou 6 chasseurs viennent chaque jour tirer des canards. Et dans cette zone aucun flamant rose n'a été trouvé mort", se défend Alexandros Loizides de la Fédération de chasse de Chypre. De leur côté, les autorités rappellent que la législation européenne, en vigueur à Chypre, interdit l'usage de cartouches à plomb près des zones humides. Seules les munitions faites d'acier, non toxiques pour les oiseaux, sont autorisées.


L'enjeu est donc de faire respecter une loi qui existe déjà. L'autre solution repose sur des opérations de nettoyage afin de déloger les granulés de plomb incrustés depuis des années dans le lit du lac. Une étude financée par l’Union européenne est en cours pour identifier les endroits les plus problématiques.